Aurélie

· Prénom OU Surnom : Aurélie

· Année du témoignage : 2012

« Notre histoire … compliquée … comme toutes!

Nous avons mis quatre ans avant d’avoir le grand bonheur de tenir notre puce dans nos bras. Le parcours a été semé d’embûches. De grosses embûches …

D’abord parce que je ne tombais pas enceinte.

Ensuite, après stimulation par clomid, nous avons obtenu deux grossesses. Deux fausses couches précoces… Un entourage parfois sceptique et un corps médical qui assène des vérités comme « ça arrive, c’est courant, c’est pas de chance ».

Et puis au détour d’une hystérosalpingographie, on suspecte une endométriose. D’un coup la lumière se fait sur des années de douleurs éparses plus ou moins supportables … Coélioscopie. 9 mois de ménopause sous décapeptyl … Une année difficile … Très difficile … J’ai 25 ans, mon corps se sent comme s’il en avait 50, mon moral est dans le fin fond de mes chaussettes. Mon mari, toujours patient et extraordinaire, me soutient comme il peut. Il garde au fond de lui la douleur d’avoir perdu si vite, si tôt ces petits êtres que nous attendions si fort …

Enfin les règles qui reviennent et avec elles l’espoir d’une nouvelle grossesse.

Je tombe enceinte spontanément. C’est la première fois! Nous voulons si fort y croire. Et pourtant le stress, l’angoisse des jours qui passent … pas assez vite. Entre temps on découvre chez moi une anomalie de la coagulation. On me met sous anticoagulant en urgence, à tâtons, en me disant qu’on verra bien …
On verra bien quoi ? Si ça marche ? Si le bébé s’accroche ? Si nous allons enfin connaître le bonheur d’être parents ??? Je me sens déjà tellement maman … Une maman sans bébé … Je m’en veux de ne pas réussir à donner une famille à mon mari … J’ai peur de cet avenir sans petit à chérir … Les jours passent quand même.
Echos après échos, nous arrivons à 12 SA. Il est là! Ce petit « nous ». Si beau. Ses petits pieds … Ses petits mains … Une ombre au tableau … On décale le terme pensant, à cause de sa petite taille, qu’il a été fait plus tard … NON! C’est impossible, j’ai fait ma courbe de température, je suis devenue une experte. Et puis on le suit depuis le début par écho, il ne peut pas y avoir d’erreur … Personne ne m’écoute … Je range ça dans un coin de ma tête, je VEUX y croire cette fois. C’est la 1ère fois qu’on va si loin ….

Le temps passe … LENTEMENT. J’ai peur à chaque seconde de le perdre. Mes copines s’arrondissent. Je ne prends pas un gramme.  Nous nous disons que ça va venir même si les gens nous font de la peine avec leurs « on ne voit rien c’est fou! ».
17 SA: écho de contrôle. Notre petit est tout petit. TROP petit. Retard de croissance sévère. Tout se détraque. Nous sommes le 24 janvier. Nous fêtons le soir même les 30 ans de mon mari. Des larmes de désespoir… Déjà. Dans nos cœurs nous savons que tout va mal se passer. ENCORE.
Le lundi qui suit RDV avec la gynécologue. Les résultats sanguins sont alarmants … Le bébé est trop petit. Tout pousse à croire que ça ne va PAS. Elle nous prend RDV au CHU en urgence pour faire le point avec un spécialiste.
Les jours qui suivent sont dans le brouillard…
Quand le jeudi matin, sur l’écran de l’écho, les Dopplers ne montrent plus de couleur, nous savons que c’est fini. Le cœur de notre tout petit Valentin s’est arrêté de battre…
La suite a été terrible bien sûr. L’accouchement, les mots maladroits d’une SF qui m’annonce que le corps de notre petit homme  ira avec les autres DECHETS de la clinique, la sage femme cadre qui nous refuse le certificat de naissance si nous ne faisons pas incinérer ou enterrer notre bébé, notre refus parce que c’est trop lourd, parce que nous sommes à bout, notre volonté de l’inscrire dans notre livret de famille parce qu’il a été là, avec nous, que c’est notre bébé, peut-être le seul que nous aurons.

Les jours qui passent. Le retour à la maison, vide et seuls …

L’autopsie …

Les RDV pour savoir quoi faire…. Est-ce qu’on en aura un. Est-ce que la salle de naissance restera pour nous une salle vide et silencieuse ou tout le monde chuchote … « Il est si petit » …

Valentin a été notre troisième bébé … le 1er inscrit dans notre livret de famille … notre petit garçon … Il aurait dû fêter ses 3 ans cet été …

Il a fallu ensuite trouver la force de se battre et de trouver des réponses.
Nous avons rencontré un hématologue spécialiste des maladies de la grossesse liées à l’hémostase à Nîmes. Très très très loin de chez nous. Il nous a regonflés à bloc! Nous a dit que tout était possible. Qu’avec une piqure d’anticoagulant nous avions gagné 4 mois, qu’on pouvait essayer en augmentant les doses. Que ce serait empirique mais que peut-être on y arriverait. Que le problème était certainement la rencontre de plusieurs problèmes: la mutation du facteur II de la prothrombine, l’endométriose, les antiphospholipides … Qu’il nous fallait une équipe pour nous suivre chez nous.

Le hic était là … Le grand professeur chez nous ne voulait rien entendre … « Les femmes comme vous pour les soigner, il faut les écouter … On n’augmente pas les doses c’est trop dangereux. Valentin est un hasard … »

Alors qui ? Où ?

Une équipe en or au CHI de POISSY. à 150 km de la maison. Alors que nous avons un CHU si près … No Comment …

Jeanne s’est nichée dans mon ventre à la fin de l’été alors que nous n’y croyions plus et que nous étions sur le point d’obtenir l’agrément pour une adoption…
8 mois en APNEE … 8 mois à attendre … 8 mois d’angoisse … 8 mois sans penser à autre chose qu’à cette princesse que nous aimions déjà plus que tout.
Une fille. Notre trésor.
Double dose d’antico … Des échos toutes les 3 semaines, puis tous les 15 jours puis deux fois par semaine … Un médecin que nous garderons dans nos cœurs pour toujours parce qu’il a su m’écouter, me rassurer, être vigilant du début à la fin … Parce qu’il m’a promis d’être là pour la césarienne. Parce qu’il l’a mise au monde. Un bébé en siège. Pas de liquide amniotique.
Un bébé qui ne grandit plus. 36 SA c’est tôt mais elle fait signe qu’il faut la sortir. Elle n’a plus de place. Les monitos montrent des arythmies. Nous avons peur de la perdre …
Notre médecin me promet de la sortir dans la journée.
IMPOSSIBLE.
Trop d’antico. Risque d’hémorragie. ON ATTEND …
Les 24 heures les plus longues de notre vie.
10 heures, Jeanne pousse son premier cri. Elle est PARFAITE. Elle ressemble à son papa. Elle pèse 2,360 kg pour 46 cm. Une battante. Une costaud! Un amour de bébé …
Et à Poissy, les papas assistent aux naissances. A toutes les naissances. Mêmes celles qui se passent au bloc: les césariennes. Nous avons partagé dans un même sanglot ce 1er cri tant attendu … Main dans la main … 4 années douloureuses main dans la main. Les plus belles secondes dans notre vie. Main dans la main.

Aujourd’hui, nous aimerions en avoir un deuxième. Parce que nous voulons une grande famille depuis toujours. Parce que nous ne voulons pas que Jeanne soit fille unique. Parce que j’AIME être enceinte malgré tout!

L’endométriose a remis le bazar. Je ne tombe pas enceinte … endo et adéno, mes compagnes de toujours …
Et elles causeront les mêmes problèmes… des problèmes de nidification et des problèmes de vascularisation placentaire.
Cette fois nous sommes en PMA. On espère …

Mais nous avons une fillle. Une adorable grenouille. Quelle chance déjà …

Je ne sais pas quelle sera la suite …
Histoire à suivre … »