Delphine G. - 41 ans

  • Nom : G
  • Prénom: Delphine
  • Année de naissance : 1973
  • Age des premières règles : 13ans
  • Age des premières douleurs liées a l’endométriose :14 ans
  • Age du diagnostic : 26 ans
  • Année du témoignage : 2014

Bizarrement, je voudrais remercier l’Endométriose….

Mon histoire est banale, c’est celle d’une ‘endogirl’… J’ai été réglée à 13 ans… 5 jours par mois, je m’habillais de 3 couches de vêtements et je portais, le jour, des grosses serviettes hygiéniques de nuit… A 14 ans, les premières douleurs…. Et de longues années ont suivi, ponctuées de « c’est normal d’avoir mal pendant ses règles, c’est dans votre tête, vous savez que vous allez avoir mal alors vous provoquez les douleurs… Vous êtes douillette… »…

En 95, Kyste à l’ovaire…. Mais c’est toujours « normal d’avoir mal et je suis toujours douillette.. C’est le kyste qui me causait des douleurs pendant les rapports » mais c’est tout….

En Déc. 99, à l’aube de mes 27 ans, re-kyste à l’ovaire et là, après la célioscopie, « Melle… je suis désolée, il vous reste un seul ovaire… mais en plus, vous avez de l’endométriose ». Aaahhhhh YOUPEE je ne suis pas folle, je suis malade….

Et là déjà, je peux dire ‘merci l’endo’… J’ai 27 ans et je suis déjà une femme forte. Je sais offrir un sourire alors que j’ai envie de hurler, je sais rester debout alors que j’ai envie de me mettre en boule dans mon lit, je sais me lever le matin pour aller travailler alors que chaque pas me cause souffrance.

Après, ce fut plusieurs longues années de traitement avec ‘Lutenyl’ (ménopause artificielle) : j’ai dit adieu à ma taille 40, à ma vie sociale, à mes dents, à ma libido… Dodo à 21h le soir, constamment fatiguée, constamment irritable…

Et en 2007, j’ai dit adieu au Lutenyl, je n’en pouvais plus…. Ça coûte cher les bridges dentaires, j’en étais au 3ème… Bizarrement, depuis l’arrêt du Lutenyl, je n’ai pas perdu une seule des 4 dents qu’il me reste…. Bon je n’ai pas perdu mes kilos non plus…

Doucement, graduellement, les douleurs reprennent… les règles hémorragiques revenues de suite…. Au boulot, il me suffisait parfois de monter un seul étage pour avoir des douleurs à l’utérus (en dehors des règles) et je mettais la bouilloire d’eau brulante sur mon ventre pour les faire cesser…. Ma collègue me disait « Je sais maintenant quand tu as mal: tu deviens blanche et tu ne bouges plus ».

J’ai fini par rencontrer un homme formidable à qui j’ai tout avoué de suite « Je suis malade, j’ai mes règles 10 jours par mois dont 5 jours hémorragiques, j’aurai mal quand on fera l’amour et si tu veux faire un enfant avec moi ce sera dans une éprouvette ». Il m’a dit « ok ». Je l’ai épousé.

En 2008, J’ai changé de région, de médecin et pour la première fois on m’a dit « Ah mais vous avez aussi  de l’Adenomyose ». Ah….

Bon, en plus de remercier l’endo, je remercie l’Adenomyose. Car à 35 ans, je continue d’être une femme forte, je continue de garder le sourire même s’il n’est plus aussi grand, je continue de tenir debout même si je vacille par moment, je continue d’aller travailler même si de temps en temps je suis à l’hôpital, perfusée contre la douleur…

Et pendant 2 ans, j’ai souffert de la vessie (Fuites, envie d’uriner plusieurs fois par jour, douleurs, parfois pour seulement quelques gouttes…). Et encore une fois, les gynécos me disaient « Non il n’y a rien, sûrement une douleur de l’utérus, l’écho ne montre rien, c’est psychosomatique »… J’ai fini par trouver une oreille attentive qui a ordonné au chirurgien de m’opérer… « Madame, je vais vous ouvrir et refermer de suite, vu qu’il n’y a rien »… Au final, 3h d’opération pour un bout de vessie en moins …

Ensuite sont venues les années FIV (4 ans, 6 tentatives)… qui ont fait flamber « l’endo » et « l’adéno »… tant d’embryons qui ont désespérément tenté de trouver un endroit dans mon utérus pourri pour s’accrocher…. mais qui ont dû baisser les bras et s’en aller dans le flux hémorragique de mes règles post FIV… et ça se terminait à chaque fois aux urgences, perfusée sur un lit d’hôpital…

Puis un jour, parce que « l’endo » et « l’adéno » m’ont rendu forte, parce que j’ai toujours gardé le sourire et que je suis toujours restée debout, j’ai dit stop. A 40 ans, j’ai dit stop. Je veux vivre normalement. Je veux profiter de ma vie de couple, parce que mon mari en vaut la peine, lui qui me porte depuis tant d’années, lui qui souffre autant que moi. Je veux profiter de la vie, je veux pouvoir courir sans crainte de me cacher en boule dans un coin en attendant que la douleur passe, je veux pouvoir me lever le matin sans craindre d’avoir mal au premier pas… Je veux pouvoir sourire et rester debout sans l’ombre de l’endométriose et celle de l’Adénomyose planant sur moi.

Alors le 28 mai 2013, j’ai eu ma revanche sur cette putain de maladie. J’ai eu le dernier mot, c’est moi qui l’ai achevée et pas le contraire. Mon utérus est parti en morceaux dans les mains d’un chirurgien et ce fut ma renaissance. Littéralement.

Car depuis, je revis. On dit que le plus bel âge de la femme c’est 40 ans, et bien pour moi c’est sûr! Adieu les douleurs, adieu la déprime, adieu les petit soucis et douleurs bizarres ! J’ai déjà perdu un peu plus de 10 kilos (mais il y en a encore 30 derrière!), je cours, je saute, je danse… sans douleurs…. jusqu’au bout de la nuit… Je ne suis plus irritable, je ne suis plus fatiguée (je me couche à 23h!!!!)

Alors merci « l’endo », merci « l’adéno ». Grâce à vous, je suis une femme forte et combative, qui ne baisse pas les bras, je n’ai jamais besoin de me relever car je ne tombe pas. Et si je réussis un jour cette autre longue bataille dans laquelle nous nous sommes lancés avec mon mari, c’est grâce à elles deux. Si un jour je suis maman d’adoption, c’est parce qu’elles m’auront donné la force et la combativité qu’il faut pour aller jusqu’au bout.

Et c’est cette force qui me fera marcher le 13 mars aux côtés d’autres combattantes, d’autres femmes avec des parcours encore pires que le mien, d’autres femmes que « l’endo » a rendu fortes. Pour faire changer les choses.

Delphine G.