Karine B - 34 ans

  • Année du témoignage : 2011

Pour moi, comme pour nous toutes, l’endométriose est devenue une très vieille compagne qui me pourrit la vie.

J’ai 34 ans et après plus de 20 années de souffrance ou les gynécologues pensaient que j’avais simplement des règles douloureuses un chirurgien de Nantes a fini par poser le diagnostic de l’endométriose  ‘de type non profond’ en octobre 2008,

Pour arriver à cela, j’avais depuis 2005 déjà subi 4 opérations, une laparo pour une GEU où j’ai perdu une trompe, puis 3 coelios en urgence pour des kystes ovariens hémorragiques.

Ma gynécologue de l’époque m’a juste demandé une pds afin de savoir si je n’étais pas atteinte par une infection due aux clamydias.

Aujourd’hui les médecins préfèrent me mettre en ménopause artificielle afin d’éviter une 6ème intervention. La succession et l’alternance des différents traitements sont très difficiles à vivre.
En période de ‘pause’ médicamenteuse la douleur est tellement intense qu’aucun médicament contre la douleur n’arrive à me soulager. Je suis incapable de dormir, de manger, je revis à chaque crise la même douleur que lors de ma GEU quant ma trompe de fallope s’est rompue et que le temps que le samu n’intervienne j’avais déjà plus de 3 litres de sang dans l’abdomen.

L’an dernier au mois de mai, j’ai consulté un spécialiste de l’endo dans le massif central, j’en suis repartie en larmes, humiliée par ce grand médecin qui s’est ouvertement moqué de ma souffrance.
Certes je ne suis pas aussi atteinte que d’autres patientes, mais je souffre aussi.
Lors de l’examen tactile fait devant deux étudiants (car il travaille dans un hôpital universitaire), il a montré les lésions endométriosiques situées dans le cul de sac de Douglas qui sont apparemment visibles sous un certain éclairage.
Puis leur a expliqué que les patientes se plaignent souvent pour rien et qu’il faut relativiser nos propos sur la douleur que l’on peut ressentir.
Je lui ai alors demandé si j’imaginais tout cela et si en fait je rêvais juste et qu’en réalité je n’avais pas mal.
Sans même me regarder, il s’est adressé à son étudiant pour lui expliquer que je faisais sans doute une micro hémorragie dûe à un kyste sur mon ovaire gauche mais que d’ici 3 mois il aurait cicatrisé tout seul et qu’un peu de doliprane était largement suffisant pour des cas comme moi.

Heureusement que tous les médecins ne sont pas ainsi mais malheureusement trop peu sont à même de nous comprendre et de prendre en charge correctement notre douleur physique et morale.

KARINE